Stage de Théâtre dansé, Danse-Théâtre

Avec Jean-Marc Hoolbecq


septembre 2024

La danse fait appel au corps d’avant le langage…

Pascal Quignard, L’Origine de la danse

La question du corps de l’acteur lorsque l’on parle d’interprétation, de mise en jeu, me passionne depuis toujours. Avant les mots, par delà les mots, le corps raconte. Sur un plateau, une place ne peut être choisie au hasard. L’immobilité est-elle préférable au mouvement ? Quel mouvement me semblera le plus pertinent ? Comment jouer avec la multiplicité des dynamiques, la variation de leurs formes ? Sur un plateau se dessine une partition non verbale qui sera immanquablement porteuse de sens. Dès lors que le corps, le mouvement, échappent au pléonasme, les mots, la parole se réinventent.

Je crois à l’intelligence du corps, à sa capacité à créer des imaginaires, des mondes. Cette intelligence doit être réveillée, sollicitée, aiguisée.

Le cours est un moment privilégié où l’on prend le temps d’interroger celui-ci, de le découvrir, de le comprendre. Il faut apprendre à en révéler la richesse afin qu’il devienne un magnifique instrument, un véritable outil d’interprétation.

Solliciter le corps dansant signifie qu’il faut le préparer, il faut qu’il puisse trouver la fluidité de sa mobilité, son endurance, sa vivacité, sa puissance.

Une fois le corps préparé,

À ces exercices de training, se joignent ceux de situations de mise en jeu, de mise en danse.

Cette distinction entre exercices je la souligne ici par souci de clarté. Dans la réalité d’une séance les choses sont beaucoup plus poreuses, moins cloisonnées. Ces exercices vont s’adresser directement à l’interprète.

On pourra apprendre une phrase chorégraphique : une nouvelle mémoire est sollicitée, celle du corps, celle qui passe par le regard qui sait décrypter un espace. On apprend à faire, à défaire et refaire, on va au bout de la précision de l’inscription d’un mouvement dans un rythme, dans le temps.

Il me paraît aussi essentiel de développer la capacité à improviser, faire de l’acteur le créateur de sa danse. Très souvent l’acteur amène la danse sur des territoires qui ne sont pas forcément ceux du danseur, ses références sont autres, il la déplace vers d’autres paysages, dévoilant une nouvelle richesse. J’ai le bonheur d’en être surpris.

L’improvisation en solo, sera celle qui révèle une sensibilité une singularité, une audace. Cette singularité devra ensuite se confronter à l’autre, aux autres. L’improvisation collective bouleverse le mécanisme, la partition individuelle n’existe qu’en regard des autres partitions, dans un temps donné, dans un espace donné. Il faut savoir écouter, regarder, agir et réagir, apprendre à construire ensemble.

Le cours sera alors un vaste champ d’exploration : pas de réponses toutes faites, mais des questions motrices, une dynamique de frottement que nous éprouverons ici, que nous partagerons. Sur un plateau rien n’est juste « en soi», tout est une question de rapport, de contexte, de nécessité de l’instant.