Théâtre de l’Union
Durée : 1h45
À partir de 14 ans
mar. 11 janv.
20h
mer. 12 janv.
19h
jeu. 13 janv.
19h
Distribution
Texte et mise en scène Nasser Djemaï
Avec Claire Aveline, Coco Felgeirolles, Martine Harmel, Sophie Rodrigues, Chantal Trichet
Dramaturgie Marilyn Mattéï
Assistanat à la mise en scène
Rachid Zanouda
Regard extérieur Mariette Navarro, Julie Gilbert
Scénographie et costumes Claudia Jenatsch, assistée de Dominique Rocher aux costumes et Salomé Bégou à la scénographie
Création lumière Laurent Schneegans
Création sonore Frédéric Minière
Création vidéo Nathalie Cabrol, Grégoire Chomel
Perruques et maquillage Cécile Kretschmar
Régie générale Lellia Chimento
Production
Théâtre des Quartiers d’Ivry, CDN du Val-de-Marne / Coproduction Maison de la culture de Bourges ; Théâtre de Sartrouville et des Yvelines, CDN ; Théâtre de l’Union, CDN du Limousin ; Le Volcan, Scène Nationale du Havre ; Théâtre National Populaire ; CDN Rouen-Normandie ; Châteauvallon Scène Nationale ; Fontenay-en-scène ; Les Théâtres de la Ville de Luxembourg /Avec le soutien de la MC2, Scène Nationale de Grenoble pour la fabrication du décor / Actes Sud-Papiers, 2022.
Texte et mise en scène Nasser Djemaï
La vaillance des personnes âgées comme garantes de notre imaginaire et de notre liberté.
Les Gardiennes, ce sont ces femmes, âgées de 75 à 80 ans, qui vivent dans un quartier populaire dans des conditions précaires. Elles sont presque une tribu, qui s’organise au quotidien pour défendre son indépendance vaille-que-vaille. Lorsque la fille de Martine, physiquement dépendante, envisage de la placer en EHPAD, faute de pouvoir continuer à s’en occuper, elle ne perçoit pas que c’est tout l’écosystème du quartier qui menace de s’écrouler, car Martine est l’une des Gardiennes, l’une des entités fortes de la communauté. Par le rire et par une grande tendresse, ce conte fantastique donne la part belle aux personnes âgées, à leur dignité et à leur respectabilité.
Note d'intention de Nasser Djemaï
La guerre des deux mondes
La vieillesse, la dépendance, la solitude sont des pro- blèmes complexes qui nous touchent tous. Quelle réponse donner ? Comment se soigner ? Garder son environnement ? Préserver les amitiés qui maintiennent en vie ? Car il n’y a pas que le problème de la sécurité sanitaire et matérielle, il y a aussi et surtout la question du maintien de l’appétit de vivre ! Le réseau familial et le réseau amical sont rarement au même endroit. Alors comment conserver amis et voisins de toujours ? Se rap- procher de la famille ? Créer de nouvelles relations dans un EPHAD ? Est-ce vraiment possible quand on a 80- 90 ans ? L’idéal est certainement de pouvoir rester chez soi en étant aidé, et quand c’est par le biais de l’amitié, c’est encore mieux, que demander de plus ? C’est ce que Les Gardiennes vont essayer de faire comprendre à Victoria mais la partie est loin d’être gagnée.
Avec cette fable fantastique, j’aimerais représenter les derniers vestiges d’un monde révolu. Je propose de plonger le spectateur dans un univers singulier, celui d’un temps élastique, un espace à part, avec ses règles, ses rites, son atmosphère et sa propre réalité. Nous sui- vrons le parcours de Victoria. A travers son regard, nous découvrirons le quotidien de ces femmes âgées d’un autre temps, diablement bien organisées pour assurer leur survie et celle de leur amie Rose. Les petites dé- brouillardises du quotidien : comment tuer l’ennui, faire les courses, le ménage, comment résister au froid, aux canicules, comment se déplacer pour aller chez le méde- cin et toutes les stratégies déployées chaque jour pour éviter l’impitoyable modernité qui ne leur fait aucune place. Ces Gardiennes ont partagé les grandes espé- rances de l’après-guerre, les espoirs des décolonisations, des indépendances, les promesses d’un monde en pro- grès continu.
C’est une génération « politique », croyante en quelque sorte, croyante dans le progrès et l’éducation, qui a connu des grèves victorieuses, la promotion sociale de ses enfants, un réel nouveau « confort », qui a vu arriver avec stupeur et incompréhension le néo- libéralisme et la religion du tout consommable et du tout jetable. Elles ont toutes vécues dans cet immeuble et n’en ont jamais bougé. Elles en connaissent les moindres recoins. Tout le monde est parti au fur et à mesure, elles ont vu leur quartier s’appauvrir sous leurs yeux, mais elles ont décidé de rester dans ce bâtiment.
Victoria au contraire incarne l’extrême modernité, c’est une femme qui maîtrise parfaitement les codes du nouveau monde, elle se doit d’être efficace tous les jours pour organiser sa vie et celle de ses deux enfants. Victoria est séparée de leur père, la situation est explo- sive entre les deux et la gestion de la garde alternée est source de vives tensions. Elle est radiologue dans un hôpital, où là encore les conditions de travail sont soumises à rude épreuve avec un personnel soignant fragilisé et à bout de nerfs. Son arrivée est vécue par Les Gardiennes, comme une intrusion. Elle ne peut imaginer la violence de son comportement car elle pense agir pour le bien-être de sa mère. Se dessine alors un conflit d’imaginaires inévitable entre les deux mondes.